2015 Le contact Iphiclides feisthamelii – I. podalirius Statut de ces deux taxons (Lepidoptera, Papilionidae)

Tristan Lafranchis, Sylvain Delmas et Robert Mazel

Le complexe Coenonympha glycerion – iphioides : un modèle de spéciation par hybridation ?

Robert Mazel & José J. Pérez De-Gregorio

Le cadre spécifique est-il trop étroit ?

Les modalités conduisant à la naissance d’une espèce sont diverses, soit d’origine interne à l’être vivant par modification du nombre ou de l’arrangement de ses chromosomes, par le jeu de certaines mutations, …, soit en conséquence d’une sélection de mutations orientée par les facteurs environnementaux, etc. Plusieurs processus peuvent être considérés relativement bien connus, en particulier dans le domaine de la spéciation allopatrique par isolement, mais une double difficulté subsiste : comment et sur quelles bases établir le statut spécifique, subspécifique ou infra-subspécifique d’un taxon à partir de situations de terrain disparates ?

         Deux démarches sont actuellement nettement individualisées chez les lépidoptéristes :

— l’une de type « professionnel » fondée sur les analyses moléculaires par électrophorèse ou séquençage des ARN et des ADN mitochondriaux et nucléaires ;

— l’autre de type « amateur » exploitant les caractères de l’habitus, la structure des genitalia, les particularités écologiques et biologiques en général, etc.

         Lorsque les deux voies de recherche mènent à la même conclusion, elles se confortent  mutuellement et aboutissent à un consensus qui peut être considéré objectif. Si les résultats divergent, les molécularistes tendent à imposer leur point de vue en arguant de la valeur fondamentale des critères mis en œuvre dans leur recherche (longtemps dite « de pointe »). Toutefois, une voie médiane « intégrative » se fait jour, utilisant conjointement les deux types de techniques.

         Mais quelle que soit la démarche, un biais proprement anthropocentrique subsiste trop souvent. Il s’apparente à « l’intime conviction » ou aux conceptions personnelles enracinées dans les notions inculquées par l’enseignement. Deux points dans le domaine de la spéciation se trouvent ainsi radicalisés : la cohabitation, témoin de l’interstérilité et de l’isolement spécifique, ou, à l’inverse, les manifestations d’une hybridation plus ou moins poussée traduisant un échange de gènes.

         Le polymorphisme intraspécifique introduisant une certaine marge d’incertitude dans les résultats, le champ d’interprétation s’ouvre à des prises de position relevant de l’intégrisme conceptuel plus que des certitudes scientifiques ou de l’indécision plus que du doute scientifique. Au pire, une part de mauvaise foi n’est pas toujours à exclure quand l’argumentaire vise à justifier le bien fondé d’une idée préconçue …

         Au total, ces comportements plus spontanés et implicites que réfléchis, tendent à occulter la complexité de la réalité biologique pour la faire entrer dans les moules préconçus de l’espèce et de la sous-espèce, en contradiction, d’une certaine manière, avec le discours prônant le maintien de la biodiversité. Celle-ci est multiple par nature et il est nécessaire d’ouvrir plus largement les concepts de l’espèce pour l’accueillir.  Les deux exemples réunis dans le présent fascicule en témoignent.

Prix : 20,00 Euros (port compris)

Gratuit pour les adhérents à l’A.R.E. à jour de leur cotisation 2015.