ELEVAGES
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ELEVAGE : PHASME HETEROPTERYX par Léon ROGEZ (*)
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Ce Phasme géant ressemble à une feuille verte. Contrairement aux Phyllies, il est capable d’un comportement de défense active. En effet, l’intérieur des pattes et l’ensemble du corps sont couverts, chez les deux sexes, de nombreuses petites épines acérées, très semblables à celles des ronces. Ils savent fort bien s’en servir quand ils sont inquiétés. Ils se penchent en avant, relèvent l’abdomen et en exposent la partie ventrale à l’agresseur. Les pattes postérieures sont levées et écartées, prêtes à frapper l’intrus. Un inquiétant bruit de feuilles sèches froissées rappelant un peu un sifflement et provenant d’un mouvement des ailes qui accompagne les coups de pattes postérieures renforce l’effet d’agressivité de cette espèce, en fait inoffensive.
Heteropteryx dilatata provient de Malaisie. Son cycle est long et s’étend sur 2 ans, voire plus. L’incubation dure environ un an. Les jeunes sont d’abord gris et mesurent 3 cm. Ils le restent en brunissant un peu aux deux stades suivants. Au 4ème stade, les femelles prennent brutalement la belle couleur vert pomme qui les caractérise. Leur forme d’amande se prononce. Les mâles restent bruns. Passé la première mue, le dimorphisme sexuel apparaît, mais est indiscutablement visible au 3ème stade : l’oviscape triangulaire et court de la femelle se développe alors. Le mâle mesure 10 cm. Il est brun sombre avec de grandes ailes postérieures roses. Les antérieures sont longues, en lame de couteau, brunes souvent marquées de blanc. La femelle mesure 15 cm. Les antennes des deux sexes sont longues et fines. La durée de vie est de 5-6 mois pour les mâles, de 1 an et plus pour les femelles. Ces dernières pondent un peu plus d’une centaine d’oeufs bruns en forme de tonnelet de 3 mm de diamètre et de 6 mm de haut.
Elevage :
La température normale d’une habitation (15°C à 25°C) leur convient très bien, ainsi que la lumière d’une fenêtre proche. L’élevage qui débute avec des larves ne nécessite qu’un terrarium de taille moyenne (35 x 20 x 20 cm), au couvercle grillagé. Dans un petit pot rempli d’eau toujours propre, on place une branchette de Ronce. La nourriture est changée dès les premiers signes de fanage. Tous les 2 jours, une pulvérisation d’eau abreuvera les insectes et humidifiera le fond.
Il faudra un aquarium plus haut pour l’avant dernier stade. En effet, lors de la mue imaginale des femelles, une hauteur libre sous le feuillage d’au moins 25 cm est requise pour permettre aux insectes de se suspendre sous leur exuvie. De plus, il est conseillé d’augmenter momentanément l’hygrométrie du terrarium de 70% (normale) à 100%, pour la réussite de cette dernière mue. Nous isolons pour cela les sub-adultes présentant les symptômes de cette dernière mue proche (ptérothèques gonflées), dans un terrarium réservé à cet effet. Les adultes peuvent se contenter d’un bac plastique tels les bacs de rangement (régulièrement en promotion dans les grandes surfaces). Le fond du terrarium de ponte est couvert de 3 cm de tourbe blonde tamisée finement et humidifiée. Les insectes vivent suspendus au couvercle grillagé et à la végétation. Ils sont nocturnes et se tiennent parfaitement immobiles toute la journée. La nuit, ils se mettent en quête de leur repas. Les premiers accouplements surviennent quelques jours après la dernière mue.
Deux solutions s’offrent à nous pour l’incubation des oeufs plantés dans le fond de cage par les femelles. On peut les recueillir régulièrement en tamisant les fonds de cage.
Dans ce cas, on les stocke dans une boîte type « Tupperware » avec un trou de 2 cm de diamètre grillagé. On les plante en ligne, à 5 mm de leurs voisins, dans 2 cm de tourbe tamisée et maintenue humide. On les aura préalablement lavés 30 secondes dans de l’eau de Javel diluée à 3 pour 1000. Le Tupperware est maintenu à 25°C. Il faut quotidiennement impérativement éliminer tout oeuf moisi au risque d’infecter toute la boîte. L’autre méthode, qui donne aussi de bons résultats, consiste à ne pas trop peupler les cages de ponte (un couple par cage), et à laisser les oeufs en place, même après la mort du couple. On maintient la tourbe humide et propre en retirant le maximum de fientes et de débris végétaux pour freiner le développement des moisissures.
Heteropteryx accepte toutes les espèces de Ronces. Une de ces espèces se trouve en sous-bois toute l’année. De plus, il mange aussi le Pyracantha, le Framboisier, le Rosier, l’Aubépine, le Chêne. On peut mélanger ou alterner ces nourritures sans dommage.
Il se peut qu’un jour, votre élevage marche si bien que vous ayez trop de spécimens. Vous pourrez alors inviter vos amis à se lancer dans l’élevage, ou nous renvoyer vos surplus. Mais surtout, ne lâchez pas ces animaux dans la nature. Le risque est infime de les voir s’acclimater, mais ce geste est contraire au respect de l’environnement.
Bon élevage.
(*) Centre CETONIA F – 31310 BAX
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Elevage d’un Phasme feuille de la faune de Guyane : Cranidium gibbosum par Patrick MOSCONI (*)
Les Phasmes sont des insectes absolument inoffensifs, dont la seule défense est constituée par une étonnante faculté de mimétisme qui leur fait reproduire la morphologie externe de leurs plantes hôtes avec un détail frisant la perfection.
Ainsi, même la personne qui les élève a parfois du mal à les distinguer au milieu de la végétation des cages d’élevage. Pour parfaire encore, si besoin était, leur camouflage, certaines espèces sont vertes ou brunes en fonction de l’hygrométrie, la température ou la lumière ce qui leur permet de suivre le changement de couleur des végétaux en fonction des changements climatiques. Ces variations de couleur s’opèrent sur plusieurs heures voire sur plusieurs jours et il y a aussi des modifications chromatiques entre le jour et la nuit. Les phasmes poussent le mimétisme jusqu’à pondre des oeufs, de forme et de taille variable selon les espèces, mais qui ressemblent tous à des graines.
Description :
Cranidium gibbosum appartient au groupe des phasmes feuilles, c’est-à-dire que les adultes (du moins les femelles) imitent à la perfection de grandes feuilles de couleur vert tendre. Les membranes entre les sternites rappelant immanquablement des nervures. Il s’élève sur la ronce. Il faut les deux sexes pour espérer une reproduction car cette espèce est gonochorique.
La femelle adulte ressemble à une grosse feuille lancéolée de couleur vert-jaune clair. Elle est aptère et possède sur le thorax une série de petites protubérances à bouts rouges. De plus celui-ci est dentelé sur les côtés, sa face ventrale étant munie d’une carène avec deux petites rangées de tubercules. La tête est jaune. Elle mesure 12 à 13 cm, 20 cm si l’on rajoute les pattes antérieures que l’animal allonge souvent devant lui quand il est au repos. Les tarses possèdent de fortes griffes avec lesquelles l’animal peut s’accrocher très solidement aux substrat. La largeur maximale de l’abdomen en forme de feuille est de trois centimètres et les membranes entre les différents segments sont rose-rouges. La femelle est vraiment très belle.
Le mâle est moins ornementé. Plus petit (8 à 9 cm pour le corps), il est ailé, son corps est en forme de brindille vert foncé; et l’extrémité de son abdomen se termine par un épaississement très net de couleur beige renfermant les organes reproducteurs. La première paire d’ailes est réduite à deux écailles et seule la deuxième est fonctionnelle.
Les ailes sont translucides avec le bord distal bordé d’une bande marron-brun. La tête est marron beige et le bout des antennes; comme chez la femelle; est marquée d’un anneau jaune. Il ne vole pas vraiment mais volette plutôt maladroitement et sur de très courtes distances.
Les deux sexes adoptent fréquemment, quand ils sont dérangés un mouvement de feuille au vent en se dandinant d’une patte sur l’autre. L’effet est saisissant et on a l’impression de se trouver devant une feuille allant et venant au gré des courants d’air dans un mouvement de flux et de reflux parfaitement régulier. Ce mouvement permet sûrement à la femelle de se confondre parfaitement avec les feuilles qui l’entoure dans sa forêt d’origine, évidemment avec les feuilles de ronce le rendu est moins bon, quoi que…
Elevage :
La femelle pond même si elle n’est pas fécondée, il est donc parfois difficile, sauf si l’on assiste à l’accouplement, de savoir à partir de quand les oeufs sont fécondés. Pendant l’accouplement le mâle grimpe sur la femelle et maintient la partie renflée de l’extrémité de son abdomen contre l’extrémité de celui de la femelle qui s’entrouvre à la manière de deux lèvres. L’accouplement dure assez longtemps, généralement plusieurs heures. La femelle pond entre un et trois oeufs par jour. Sur la fin de sa vie le rythme de ponte diminue nettement. Elle pond environ 400 oeufs pour une durée de vie totale d’environ quinze mois. A ce nombre il faut retrancher, le cas échéant, tous les oeufs pondus avant fécondation. Les oeufs mesurent entre 4 et 5 mm, sont bruns et operculés.
La principale difficulté de l’élevage de cet insecte concerne l’obtention des éclosions.
Les oeufs doivent être maintenus à une température de l’ordre de 20-30°C à un taux d’humidité important, de l’ordre de 90%. Je les ai maintenus pour ma part sur du terreau d’une épaisseur de 5 centimètres dans un petit bac en plastique. Le haut du bac est fermé par une moustiquaire maintenue par un élastique pour éviter aux nouveaux-nés de s’échapper. Un morceau de Plexiglas troué (afin de permettre l’aération) est posé sur la moustiquaire pour maintenir l’humidité du bac entre 80 et 90 %. Le terreau présente l’avantage, par son acidité (entre 6 et 6,2), de limiter l’apparition de champignons en atmosphère très humide. Le substrat est bien humidifié au départ puis une fois que les oeufs y sont déposés on pulvérise de l’eau à travers la moustiquaire de temps en temps.
On peut surveiller le degré d’hygrométrie avec un hygromètre placé dans le bac avec les oeufs. Le développement complet (du nouveau né à l’adulte) dure environ quatre mois.
Les jeunes à l’éclosion mesurent environ deux centimètres et demi pour le corps, ils sont très mobile et se déplacent avec beaucoup de vélocité quand on les dérange. Ils sont jaunes annelés de noir ou jaunes annelés de rouge. Contrairement aux phasmes-brindilles (comme les Bacillus) qui s’immobilisent confiant en leur mimétisme, les petits Cranidium se sauvent à toute allure à la moindre alerte. Les sexes peuvent se reconnaître dés la deuxième mue car leur morphologie est alors assez différenciée. Ils muent toutes les deux semaines, les subadultes muant toutes les trois semaines environ. Mes individus n’ont jamais été difficiles pour la nourriture, ils se sont accommodés de tous les types de ronces (ronces épineuses de milieu sec, grandes ronces de forêts humides, ronces dures d’hiver, etc…) et même occasionnellement de framboisier. Les jeunes ne doivent pas être maintenus avec les oeufs devant éclore car les déjections qu’ils produisent se couvrent rapidement de moisissures en milieu humide et celles-ci entravent le bon développement des oeufs. Il est préférable d’élever les jeunes dans de petites enceintes de 20 cm x 20 cm x 30 cm, en veillant bien à ce qu’ils ne puissent pas tomber dans le récipient dans lequel les ronces plongent sous peine de noyade. Pour cela il suffit que des feuilles et les tiges des ronces oblitèrent complètement l’accès à l’eau. Après deux ou trois mues, on peut les placer avec les adultes. Ces derniers supportent une plage de température relativement importante. On doit les élever à la température d’un appartement, soit en fonction des variations saisonnières, entre 20 et 30°C en températures diurnes, entre 17 et 25°C en températures nocturnes. J’ai essayé de ne pas descendre en dessous de 16-17°C en températures minimales la nuit, mais il m’est arrivé, lors de transports hivernaux par exemple, de descendre, sur des périodes assez courtes, jusqu’à 13 °C, sans dommage pour les animaux. De même l’été les animaux sont montés parfois à 35°C en température diurne. Il faut alors qu’ils disposent souvent d’eau sous forme de rosée vaporisée sur les plantes, il peuvent boire aussi directement dans une sous tasse peu profonde. La cage d’élevage des adultes doit être assez spacieuse pour qu’ils puissent effectuer les dernières mues sans problème. Elle est aspergée d’eau avec un vaporisateur à plantes au moins une fois par jour, deux ou trois fois par jour en été quand l’atmosphère est plus sèche. L’arrosage déclenche souvent la prise de nourriture par les phasmes, il préfèrent visiblement croquer des feuille humides (la perception de la présence d’eau se faisant au niveau des antennes). Les femelles avec leurs pièces buccales très puissantes consomment non seulement les feuilles mais aussi les pétioles et les tiges les plus tendres. Leur longévité est variable suivant le sexe, les femelles vivent environ quinze mois, les mâles environ sept mois. L’élevage de cette espèce est moyennement difficile, la principale difficulté étant d’obtenir l’éclosion des oeufs. Ceux-ci mettent huit à neuf mois à éclore au minimum.
Actuellement la deuxième génération commence à naître dans mes cages mais le taux d’éclosion est assez bas pour l’instant. C’est dans ce sens qu’il faut travailler pour améliorer la maintenance de cette espèce.
En espérant vous avoir convaincu de l’intérêt de l’élevage de ce superbe phasme, il ne vous reste plus maintenant qu’à essayer de vous procurer une souche, le plus difficile commence…
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A propos des conditions d’incubation des oeufs de Phasmes par Eric LOPEZ (*)
Il existe de nombreuses méthodes pour reconstituer les conditions d’incubation réelles et celle-ci n’a pas la prétention d’être parfaite mais conduit à de bons résultats.
J’élève depuis bientôt deux ans des Phasmes de toutes provenances et recherche toujours de nouvelles espèces bien que le manque de place se face sentir de plus en plus! L’élevage des Phasmes est un des plus intéressant dans la mesure où il peut se réaliser dans des conditions relativement simples pour la plupart d’entre eux, demandant seulement un renouvellement fréquent de la nourriture et des pulvérisations d’eau régulières (de 2 à 4 par semaine).Il nous permet en effet de pouvoir observer de nombreuses choses comme la reproduction des insectes, leur habitude face au danger (mimétisme et catalepsie), le déroule-ment de leur mue, et l’influence de la tempé-rature et de l’hygrométrie sur la croissance des larves et la durée d’incubation des oeufs.
Afin d’obtenir le plus de naissances possible, les conditions de température et d’hu-midité sont reproduites artificiellement. Généra-lement on utilise un pot aéré dans lequel est placé du terreau ou du coton que l’on humidifie régulièrement, le tout près d’un radiateur, d’une lampe ou d’un câble chauffant (entre 21° et 24°). Malheureusement, si ces conditions sont idéales pour l’incubation des oeufs elles le sont aussi pour le développement des champignons et des acariens, nuisibles au bon développement des oeufs.
Ayant fait un stage, il y a 3 ans au Laboratoire Départemental d’Analyses (Conseil Général) j’ai appliqué les techniques de travail en asepsie utilisées en bactériologie afin d’éviter la contamination d’un échantillon à analyser par un autre. Si ces conditions de travail sont très rigoureuses dans des applications profes-sionnelles il n’en est pas de même pour l’incubation des oeufs.
Ces conditions passent dans notre cas par un grand mot d’ordre: la stérilisation.
Ainsi, il faut commencer par le récipient utilisé, si possible en verre, puis faire de même avec le substrat, coton ou terreau (moins pratique car difficile à stériliser) et réaliser toutes les manipulations et observations avec des instruments propres. Trois méthodes sont valables pour stériliser le matériel:
– L’autoclavage (cocotte-minute) peut s’utiliser pour la plupart des récipients, non fermés hermétiquement, les orifices bouchés par du coton, à raison d’une demi-heure à partir de la rotation de la soupape avec un demi-litre d’eau.
– Le four à micro-ondes, qui permet une stérilisation facile et rapide notamment celle du coton (Attention, pas de métaux !!).
– La désinfection à l’aide d’alcool à 70°.
Il faut également faire attention à ne pas mettre de saletés dans le flacon qui provoqueraient l’apparition de moisissures
Le couvercle quant à lui doit être muni de nombreux trous favorisant la circulation de l’air et le bon développement des oeufs.
Un autre type d’incubateur, une boite remplie d’eau équipée d’une gaze sur laquelle sont déposés les oeufs, le tout sur une source de chaleur assure aussi de bonnes conditions mais a l’inconvénient d’être difficile à manipuler et au moindre problème voit la ponte perdue.
Bien entendu la température et l’humidité nécessaire variant en fonction des espèces élevées, le dispositif d’incubation peut être adapté de plusieurs façons afin de correspondre aux conditions attendues.
Bibliographie:
Delfosse (E.), 1996. – Les difficultés de la création et de l’installation de l’incubateur idéal. Le Monde des Phasmes n° 34, p.6.
Pol (D.), 1994. -Techniques générales: conditions de travail en asepsie. Travaux pratiques de biologie, Bordas.
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ELEVAGE DE GRILLONS DOMESTIQUES Acheta domestiqua
CETONIA Centre d’élevage d’insectes tropicaux F-31310 BAX
Acheta domestica est une espèce très prolifique de grillons que l’on trouve à l’état sauvage sur le pourtour de la Méditerranée. On peut aussi la rencontrer plus au nord en Europe, mais dans les maisons où elle se tient à proximité des sources de chaleur continues. Cet insecte est brun. Mâle comme femelle mesurent 2,5 cm. Tous deux ont de longues antennes. Le mâle possède deux fins cerques, mais a, en plus un ovipositeur ressemblant à une aiguille noire de 1 cm. Il est totalement inoffensif et sert à déposer les oeufs (fins, longs d’1,5 mm et jaunes) dans le sol. Seul le mâle chante. Il émet une stridulation très sonore à laquelle il ne faut pas être allergique si on veut élever cette sympathique espèce. En effet, elle se fait entendre de jour comme de nuit et de façon continue si la température est suffisante (22°). il est émis par le frottement vibratoire d’une aile possédant une nervure dentée sur l’autre aile possédant une membrane sonore.
On nourrit simplement le grillon domestique de pomme (golden), de salade et de croquettes au boeuf pour chien. Un mélange complémentaire fait de 70% de son, de 20% de lait en poudre et de 10% de pollen permet d’entretenir une bonne prolificité. L’élevage peut être tenu dans une pièce de température normale, même si la température nocturne descend vers 15°.
Elevage :
Matériel nécessaire : Un terrarium de 30 x 25 x 25 cm environ, du papier essuie-out, un couvercle grillagé sous lequel pend une douille électrique munie d’une ampoule de 40 watts, un programmateur électrique, quelques boites à oeufs en papier mâché ’emballage du commerce), un bocal de 6 cm de haut à large col contenant du terreau humide jusqu’en haut. Le bocal est muni d’un couvercle de grillage métallique fin. Le terreau doit être en contact avec la grille. Une coupelle.
Installation : Placer dans le fond du terrarium propre quelques feuilles de papier essuie-tout. Empiler les boites à oeuf afin de réaliser des niveaux superposés. L’ampoule doit être en service 14 heures par jour. De la régularité de son fonctionnement (programmation) dépendra la production de l’élevage. Placer le bocal de terreau à 15 cm de l’ampoule. Il servira de pondoir. Pour cela, il faut l’entretenir humide, et prévoir un accès pour les grillons (proximité des boites à oeufs).
Soins : Tous les 2 jours, mettre une rondelle de pomme et une feuille de salade (laitue, endive). Il faut retirer les déchets non consommés sous peine de subir une invasion d’acariens. Une coupelle contenant le mélange complémentaire sera placé sur le fond du terrarium. On conseille parfois de mettre un abreuvoir pour cette espèce. Il est vrai qu’elle a besoin de source hydrique pour vivre. Néanmoins, un bac d’eau libre noie beaucoup de spécimens et un tube contenant du coton humide attire les femelles qui y pondent ! Dans nos élevages, les grillons trouvent exclusivement leur eau dans les pommes et la salade.
Vous constaterez rapidement que ce grillon est une espèce opportuniste. Plus il y a de place où s’abriter (boites à oeufs), plus il se reproduit. Les mâles passent leur temps à faire une cour assidue aux femelles. Ces dernières pondent très souvent. L’accouplement est court et original : c’est le mâle qui se glisse à reculons sous la femelle. Celle-ci ponds plusieurs centaines d’oeufs durant sa vie. L’incubation, qui peut se faire dans le terrarium ou en étuve, dure 3 semaines à 24°c, 2 semaines à 28°c. Les petits sont adultes en 6 à 8 semaines. Leur vie est alors de quelques semaines.
Bon élevage. Léon Rogez
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Tome V (3) 1996
ELEVAGE DE BLATTES DU PEROU Blabera fusca
Par Léon ROGEZ (*)
Blabera fusca est une grande Blatte ailée qui fréquente les sous-bois de la forêt tropicale péruvienne. Elle mesure 6-7 cm et elle est noire aux ailes beiges à taches alaires noires diffuses. Mâle et femelle sont semblables.
Cette espèce est détritivore. On la nourrit simplement de pomme (golden), de salade et de croquettes au boeuf pour Chien. Un mélange complémentaire fait de 70% de son, de 20% de lait en poudre et de 10% de pollen permet d’entretenir une bonne prolificité.
L’élevage peut être tenu dans une pièce de température normale, même si la température nocturne descend vers 15°c. Il se déroule en atmosphère sèche et chauffée par une ampoule.
Matériel nécessaire :
Un terrarium de 30 x 25 x 25 cm environ, du papier essuie-tout, un couvercle grillagé sous lequel pend une douille électrique munie d’une ampoule de 40 watts, un programmateur électrique, deux coupelles, des boîtes (ou plaques) à oeufs en papier mâché.
Installation :
Placer dans le fond du terrarium propre quelques feuilles de papier essuie-tout. Disposer 2 ou 3 boîtes à oeufs superposées. L’ampoule doit être en service 14 heures par jour. De la régularité de son fonctionnement (programmation) dépendra la production de l’élevage. On dispose au dessus, de part et d’autre de l’ampoule (qui ne doit pas toucher les boîtes), les coupelles de mélange et de végétaux (pomme et salade). On ajoute quelques croquettes pour Chien dans la coupelle de mélange. Il faut renouveler les végétaux tous les deux jours en lavant leur coupelle. On ne donne jamais à boire aux insectes qui tirent leur boisson des végétaux consommés.
Toute l’activité des insectes à lieu la nuit. La ponte consiste en le dépôt d’une oothéque qui éclos immédiatement. La femelle peut déposer plusieurs oothéques dans sa vie.
Les petits sont gris-brun et mesurent 5 mm. Ils grandissent lentement en 6 mois environ.
Les adultes ont une longévité de plusieurs mois. L’élevage bien mené est rapidement prolifique.
Bon élevage.
(*) Centre CETONIA F – 31310 BAX
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ELEVAGE DE MANTE FEUILLE-MORTE Deroplatys dessicata
CETONIA Centre d’élevage d’insectes tropicaux F-31310 BAX
Espèce :
Deroplatys est une grande et belle espèce de mante religieuse de Malaisie. Elle habite la forêt tropicale où ses couleurs brunes et son extraordinaire mimétisme avec une feuille morte la protègent des prédateurs et lui permet de s’approcher des proies sans les inquiéter. Elle prend communément une attitude contorsionnée faisant croire qu’elle est morte et vous vous y ferez prendre sans doute plus d’une fois la trouvant tordue sur le fond du terrarium.
Pour bien élever cette espèce intéressante, il est recommandé, comme pour toutes les mantes religieuses, de pouvoir la nourrir de papillons de nuit adaptés. Si vous êtes un adepte de la chasse nocturne, pas de problème, mais faites attention de ne pas sacrifier d’espèces rares à votre élevage. A défaut de cette denrée, il vous faudra tenir un élevage de criquets migrateurs et dans tous les cas de drosophiles (petites mouches des fruits) pour nourrir les mantes néonates (venant de naître).
Elevage :
Il est important que l’élevage complet se déroule aux alentours de 23-25° sans changement brutal, surtout pour l’oothèque.
Matériel nécessaire : Pour un groupe de jeunes larves, il faut un terrarium de 30 x 25 x 25 cm environ, du papier essuie-tout, un couvercle grillagé (le tulle est idéal pour cela), un pot en verre contenant de l’eau claire, une branche de ronce, un autre pot en verre fermé par du tulle et de la banane.
Installation : Placer dans le fond du terrarium quelques feuilles de papier essuie-tout. Dans le pot contenant de l’eau, placer la branche de ronce. Lâcher vos jeunes mantes sur les feuilles. Pour les nourrir placer de la banane dans le pot fermé de tulle et arroser un peu le fruit. Au bout de quelques jours, une colonie de drosophiles aura envahi le terrarium et se reproduira dans la banane. Il vous restera à entretenir humide le pot des drosophiles et à y ajouter du fruit frais tous les 3 jours. Ce sera un self-service pour les jeunes mantes. Quotidiennement, pulvériser de l’eau dans le terrarium. Les Deroplatys ont besoin de boire beaucoup, sinon elles ratent leurs mues par déshydratation.
Le développement des mâles comporte 4 stades larvaires, celui des femelles en comprend 5. Dès le second stade, on peut différentier les sexes. Le mâle possède un mésothorax (partie allongée chez les mantes) en forme de losange. Celui de la femelle est en forme de hallebarde (ou de fer de francisque).
Dès le 2ème stade larvaire, les Deroplatys peuvent consommer des pyrales ( la grosse pyrale de la farine est facile à élever). Au 3ème stade, elles consomment de petites espèces de noctuelles sauvages ou des locustes néonates. Au 4ème stade, elles mangent facilement des noctuelles moyennes. Dès ce stade, il faut les séparer et les élever en terrarium individuels (risque de cannibalisme).
Pour obtenir l’accouplement, il faut une femelle âgée de 15 jours et gavée (abdomen dilaté). Présenter délicatement le mâle derrière la femelle en le posant sur la même branche. Surveiller un peu qu’il n’y ait pas de signe d’agressivité immédiate. L’accouplement peut survenir dans les heures ou les jours qui suivent. Un mâle peut féconder plusieurs femelles s’il ne se fait pas manger entre temps. Quelques jours après, la femelle pond une oothèque massive de 3 cm de diamètre. L’éclosion des 30 à 40 petits survient un mois après environ.
Bon élevage. Léon Rogez.
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Tome III (2) 1994
ÉLEVAGE DES CETONIDAE
Par Jacques LEPLAT
Parmi les Coléoptères recherchés par les collectionneurs pour leur brillance et leur forme, les Cetonidae ont une place de choix.
Ils ont aussi l’avantage de s’élever relativement facilement à condition de disposer de place et d’un peu de temps chaque jour pour assurer la nourriture et l’hygiène des adultes puis des larves.
Matériel :
D’abord un ou des bacs, un par groupe de géniteur, sa contenance dépend de la taille des adultes puis du nombre de larves élevées. Pour les Cétoines
françaises par exemple, un bac de 40 litres permet l’élevage d’un couple et d’une douzaine de larves issues de ce couple.
Ce bac peut être réalisé comme un aquarium en verre collé ou être un récipient en plastique trouvé dans le commerce du type caisse de rangement ou poubelle. Il doit pouvoir être fermé par un grillage fin empêchant l’évasion des adultes.
Pour les espèces tropicales ou les élevages réalisés dans un milieu sombre, il faudra prévoir un éclairage (tube fluo de 15 W ou lampe de 20 W) sur le dessus du bac, avec un interrupteur programmable, permettant d’éclairer pendant les périodes convenables (12 heures par jour par exemple). Cet éclairage peut fournir une source de chaleur nécessaire à certaines espèces. S’il s’avère insuffisant, il est alors nécessaire de garnir le fond du bac d’un câble chauffant muni d’un thermostat noyé dans le milieu d’élevage.
Milieu d’élevage :
Les adultes n’ont besoin de ce milieu que pour y déposer leurs oeufs, il est important qu’ils y retrouve les composants habituels qu’ils trouvent dans la nature. Sous nos climats on utilisera un compost composé de bois décomposé de chêne, hêtre et châtaignier, récupéré dans les vieux troncs, ce milieu sera enrichi de terreau naturel sans pesticide. Pour l’élevage des larves certains collègues préconisent d’ajouter de la bouse de vache sèche. Il est important de vérifier que les différents produits utilisés ne contiennent pas de larves d’insectes, les plus dangereux étant les larves de taupins (Elateridae), prédateurs habituels dans la nature des larves de Cetonidae.
Le mélange doit être ensuite humidifié (50% de degré hygrométrique maximum) avant de le placer dans le bac préalablement garni de 3 à 4cm de gravillons soigneusement lavés assurant le drainage de l’ensemble. On laissera libre environ le quart de la hauteur du bac.
Installation des bacs d’élevage :
Ils doivent être installés de préférence dans une pièce claire et bien aérée, à l’abri des rayons directs du soleil. Les accès aux commandes d’éclairage et de thermostat doivent être faciles.
Elevage des adultes et ponte :
Les adultes se nourrissent essentiellement du nectar des fleurs, de pollen et de fruits très murs. On maintiendra dans le bac des fleurs fraîches renouvelées fréquemment, leurs tiges tremperont dans un récipient à col étroit obturé par un tampon d’ouate cellulosique.
La nourriture composée de pollen et de fruits épluchés (pêches, poires, pommes ou bananes) sera disposée dans une ou deux coupelles en plastique ou en verre et renouvelée dès que leur aspect n’est plus engageant ou lorsque se développe un début de moisissure. Une petite éponge synthétique sera maintenue humide dans un angle du terrarium.
On ajoutera quelques branches permettant aux insectes de se poser. Après accouplement la femelle s’enterre pour pondre des oeufs oblongs blanc jaunâtre.
Elevage des larves : Dès que la ponte est certaine, on transférera les adultes dans un second bac, la coexistence des adultes et des larves n’étant pas un facteur de réussite. Les larves vivent des éléments organiques contenus dans le compost et de produits additionnels mis à leur disposition comme des rondelles de carotte ou des tranches de pomme. Les premières sont délicatement introduites dans le compost et les secondes placées à plat sur celui-ci.
Les larves passent par trois stades larvaires successifs avant d’atteindre le stade nymphal. Pendant le premier stade les larves sont très fragiles et il est important de les manier avec beaucoup de précautions.
Le compost est renouvelé chaque fois que sa surface est recouverte d’excréments.
A la fin du troisième stade la larve s’isole dans une coque dure de forme ovoïde dans laquelle elle se transforme en nymphe puis en imago.
Durée de l’élevage : Elle est liée aux conditions de chaleur, d’humidité et de nourriture.
A titre indicatif :
— La larve naît dans les deux ou trois semaines suivant la ponte.
— Les trois stades larvaires durent de six à huit mois dans les meilleures conditions mais peuvent atteindre dix huit mois.
— Le stade nymphal dure de un à quatre mois.
Adultes reproducteurs :
En dehors des espèces indigènes qu’il est aisé de se procurer, certains organismes tel l’O.P.I.E, vendent des reproducteurs d’origine tropicale.
Il est important de s’informer avant de les commander de leur période de reproduction pour éviter toute désillusion.
Nota : Certains collègues élèvent leurs larves séparément dans des récipients obtenus en coupant des bouteilles de plastique en deux, cette méthode a l’avantage
d’écarter les risques de contamination mais l’inconvénient de ne pas permettre un contrôle constant de l’humidité et de la température.
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Tome II ( 3 ) 1993
Elevage des Coléoptères phytophages
par Jacques Leplat
Nous ne verrons dans cet article que l’élevage en partant de bois déjà parasité, dans un article suivant nous verrons la seconde phase consistant à mettre en
présence les deux sexes et à permettre la ponte puis le développement des larves.
La première phase consiste à récolter les branches malades sur les arbres ( les branches mortes surtout celles qui sont attaquées par des champignons ou qui ont perdu leur écorce sont en général moins productives ). Elles se reconnaissent à l’absence de feuilles ou à leur aspect flétri ou jauni.
Ces branches sont coupées à longueur et entreposées dans des caisses ou des sacs jusqu’à l’apparition des insectes, la seule contrainte est d’humidifier légèrement ces bois de temps en temps et de veiller à ce que les fourmis ou les araignées ne se développent pas dans l’enceinte.
Caisses ou sacs ?
Le sac : il sera en toile solide et de maille serrée, de préférence noire, les branches y sont logées par essences et lieu de ramassage, une étiquette solide permet de retrouver sur un cahier le contenu et son origine ainsi que les résultats obtenus. Le sac est muni à son ouverture d’une bouteille en plastique coupée pour
permette aux plus gros insectes attendus d’y pénétrer facilement, elle est fixée à l’extrémité du sac par une ficelle et laisse apparaître son plus grand volume. C’est dans cette partie que les insectes attirés par la lumière se rendront et signaleront leur présence. Il n’y aura plus qu’à les capturer en veillant à ne pas en laisser échapper.
La caisse : elle pourra être construite selon deux techniques.
La première est constituée d’une caisse à quatre cotés et un fond étanches recouverte d’un couvercle rebordé ajusté à la caisse, sur l’un des petits cotés on perce un trou juste sous la bordure du couvercle pour y mettre un tube à essai dont l’extrémité ouverte sera dans l’alignement de la paroi intérieure. C’est dans ce tube que les insectes viendront à la recherche d’une issue, attirés par la lumière.
La seconde est constituée d’une caisse dont deux des parois sont remplacées par des grillages à maille fine et de préférence métallique car les insectes sectionnent très aisément les mailles de plastique. La couvercle est identique au précédent.
L’avantage de la seconde sur la première réside dans une circulation d’air, de lumière et d’humidité plus naturelle mais elle à l’inconvénient de ne pas canaliser les insectes vers un endroit unique facilitant leur capture. En effet les insectes se tiennent cachés le jour et il faut visiter chaque caisse en bougeant toutes les branches avec le risque de voir certains insectes s’échapper.
De la même façon on peut élever des insectes se développant dans les branches mortes traînant sur le sol ou ceux qui se développent dans les troncs cariés en prélevant des fragments relativement importants de ceux-ci. On peut alors trouver des insectes rares tels que Aesalus scaraboides Panzer ou Sinodendron cylindricum Linné (Coléoptères Lucanidae).